Dort, mon amour dort...Il est de ces jours où l'on se lève, le matin, persuadé que notre vie va basculer du tout au tout. Vous ne commencez pas un nouvel emploi, non. Vous n'avez pas décidé de coller une tête à l'espèce de pétasse qui vous sert de chef, non plus. Vous vous levez comme tous les matins et êtes pourtant persuadés que ce soir, rien ne sera comme avant. Rien de rien. Seulement, je ne pensais pas me voir encaisser les paroles d'un Lilioth hurlant à la lie qu'il avait violé ma femme et qu'elle avait aimé cela. La colère m'avait gagné comme du temps d'Eclipse, ma première femme. J'avais foutu un merdier pas possible et autour de moi tout m'échappait. Je pensais que nous n'étions que deux à pouvoir invoquer des créatures de Kabbale, pourtant un type que je ne connaissais ni de Lilith, ni de Samaël, venait d'invoquer l'empereur-mendiant.
Cet inconscient avait invoqué le jour du printemps, le jour de la fleuraison, la créature symbole même de l'automne, de l'apocalypse avant l'hiver. Dans le genre, grosse boulette... Le tutoiement de Iah Hel n'était que prétexte pour lui. Il était surtout insulté vexé et je sentais bien sa colère le gagner. Je me relevais, encore nu de ma précédente transformation. Je regardai rapidement Voldi et lui fit un simple signe de la tête. Ce signe voulait dire tant de choses. Il marquait mon impuissance et ma désolation car nous allions en baver. La créature s'enfonça entraînant déjà avec elle Lyra et Iah Hel à la suite de Songes et Lidrya. Les humains trop frêles suivirent rapidement. Tout le monde fuyait autour de moi. J'arrachai alors une toge d'une prêtresse qu'un tentacule venait de happer. Je ramassai aussi Ange et Démon, les armes de ma fille. Un humain se tenait à une corde et bascula dans le gouffre quand je la lui arrachai des mains. Je sentais cette force m'attirer dans le gouffre. Je ne souhaitais pas y résister. J'enfilais la toge de lin couleur sable. Bêtement, je souris en me disant que le sang et la suie changeront vite sa teinte.
Inutile de dépenser de l'Orgone pour résister. J'en manque déjà bien assez. Alors je plonge !Les nuages opaques de Pachad saignaient autour de moi. Je voyais des corps accrochés par des tentacules se faire balancer dans la gueule béante de créature de Kabbale que je ne connais que trop. Certains Lilim se faisaient gobés vivants par des créatures volantes. Je ne tentais pas de résister, je plongeais accélérant ma chute pour rester ici le moins longtemps possible. Je cherchais Lidrya du regard. Je ne la voyais nul part. Voldi venait d'être happé à son tour. Ou peut-être avait-il plongé lui aussi... Était-ce Lidrya plus bas ? Oui je la voyais. Lyra avait disparu, Songes était proche de ma femme. On dirait bien. Dans ce brouillard, je me trompais en faisant confiance à mes yeux. Il s'agissait en réalité de Caym. Une créature arriva alors sur moi.
Toujours éviter le combat... Toujours éviter le combat...Si cette créature me blessait, je ne m'en remettrais pas. Je déployai mes ailes juste pour éviter ce monstre et j'en perdis de vue ma femme. Aucune importance ! Avec la déculottée que j'avais mis à Songes, il aura besoin d'Orgone et protègera ma femme. Oui, je me raccroche au moindre espoir, aussi glauque soit-il. Le sol approchait, mes ailes étaient déployées mais elles ne me freineraient jamais assez. Parfois la chance survient au moment où on s'y attend le moins. Moi, elle s'est concrétisé en cette paroi. La pente était forte, je rétractais mes ailes pour ne pas les briser et attérit sur le dos dans une violente glissade, glissade qui me brûla profondément l'épaule. Un nuage de cendres volait autour de moi.
Je réalisai que sous mes pieds se trouvaient un lac de laves en fusion. Finalement, je ne suis peut-être pas si chanceux que cela. Mes griffes se plantèrent dans le sol. Pas d'Orgone, n'use pas trop d'Orgone, Harahel ! Enfin je m'arrêtais mais les cendres me brûlèrent la peau, la tenue de la prêtresse avait littéralement brûlée. Heureusement que c'était du lin et non du nylon... Je pensais à Caym et enviait son pouvoir en cet instant. Je me tournai pour éviter que mon visage ne brûle à son tour. Juste à temps ! Mais mes cheveux n'étaient plus qu'un souvenir.
« Ne te soigne pas surtout ! Garde ton Orgone ! ». J'entendais la voix d'Eileen me conseiller, mais je ne sentais pourtant pas sa présence en ce monde. Je remontais doucement le volcan quand la chance sembla me sourire à nouveau. Mais cette fois, je me méfiais. On se fait avoir une fois, pas deux. Une Skaldmeyjar s'écrasa à mes côtés. Enfin ce qu'il en restait. elle ne ressemblait plus à rien. Le haut de son tronc avait été arraché par un tentacule ou dévoré par une créature volante. Je revêtis son pantalon, ses rangers et passa sa ceinture en vitesse autour de mon épaule. Mon dos me brûlait horriblement. La douleur me rappelait ses séances de torture que j'avais subi dans la tour Pourpre et que j'avais infligée pourtant à Maïra.
J'avais perdu Ange et Démon dans ma chute. Je devais les retrouver. C'est ce qui me motiva dans cette difficile remontée. Jamais un volcan restait paisible en Pachad, je devais me hâter, je devais faire vite avant son éruption. Quand je foulai enfin le sommet du cratère, Ange était là, à mes pieds. Je le ramassai ainsi qu'une perche métallique.
Chaque possession en Pachad est un don précieux...Je relevai les yeux et pu assister à la chute des anges. Ces humains tombaient ça et là comme une pluie fine. Autour d'eux des Lilim ! Certains les laissaient tomber, d'autres plus humains les sauvaient. Ou alors ils ne sont que pragmatiques, car les humains, réservoirs d'Orgone sur pattes, seront notre seule chance de survie.
Car nous allons rester là un moment...