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Afficher le sujet - [Pachad] Le Dernier Chemin... [PV Les rescapés de Gehinnom] • Vegas-Elevation.

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Gehinnom - Sins & Pleasure

[Pachad] Le Dernier Chemin... [PV Les rescapés de Gehinnom]

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La Nephilim a qui j’avais voulu proposer de l’aide avait de toutes évidences son caractère et semblait ne vouloir en rien le changer. Ce qui se passa avec elle lorsque je lui demandais si elle voulait de l’aide avait été assez surprenant, elle avait une grande assurance de toutes évidences, et elle ne comptait nullement qu’un humain l’aide, même si sans doute elle y viendrait avant longtemps pour de l’orgone. Se souviendrait-elle alors de ma demande ? Qui sait si elle et moi ne finirions pas finalement par s’aider mutuellement. Pas sûr que j’arrive à lui faire confiance, mais s’il fallait l’aider, je le ferais et si mes sourires n’y suffisaient pas, je tenterais autre chose, quitte à essuyer des échecs cuisants. Mais puisque pour le moment elle ne voulait rien, je préférais retourner voir celle envers qui j’avais une promesse car désormais une hiérarchie était instaurée, celui que l’on nommait Harahel en tête de la troupe puisqu’il connaissait apparemment les lieux. Nous nous étions mis en marche, chacun emportant une partie des provisions, l’intérêt commun nous motivait tous, et chacun y mettait du sien eut-il été Nephilim ou humain. Combien de temps avons-nous marcher ? Je ne saurais le dire, entre la douleur qui brulait en mes côtes, l’épuisement de la marche et la peur quasi-constante d’être attaqués, il se passait bien trop de choses pour pouvoir garder la tête assez froide pour s’inquiéter de la distance parcourue. En tous les cas, le Lilioth n’avait pas mentis, il y avait bien une forêt qui nous abritait des attaques. Hors de question cependant de partir sur une confiance parfaite dans les lieux, des tours de garde étaient organisés, et le rationnement des vivres étaient assurément une autre priorité. Avec celle, surement la plus capitale d’ailleurs, de rester en vie. Pourtant cette première nuit fut des plus étranges, chacun semblant rester dans son coin, où très peu de couple se formant. Les Nephilim et les humains semblaient avoir peur de s’approcher les uns des autres, et pourtant chacun savait que nous y viendrions avant longtemps. Dépendance mutuelle des uns et des autres oblige. Quand à moi ? Et bien j’affichais toujours un sourire enthousiaste et une grande assurance en notre survie. Je cachais ma peur sous ce masque de courage, d’assurance et d’enthousiasme, notamment avec cette Nephilim que j’avais rencontré peu après ma chute. Elle semblait perdue, nous l’étions finalement tous. Je prenais sur moi de lui sourire et lui donner autant de bonne humeur que possible, j’avais une promesse à honorer non ?

Et le temps passait vite, nous fûmes bientôt le second soir, une autre longue journée de marche épuisante, mais le plus épuisant était de feindre de ne pas avoir peur. La peur est contagieuse et se transmet rapidement, j’espérais que mon enthousiasme puisse aider certains à garder le moral et l’envie de continuer. Les humains semblaient garder confiance, et les Nephilim quand à eux semblaient moins négligent sur le bien-aller des humains, c’était quelque chose finalement de plutôt positif. Ce second soir fut bien plus riche en aventures, il était apparent que si les Lilim et Lilioth faisaient attention aux humains, c’était pour l’Orgone et il leur en fallait. Je n’entendais pas y « échapper » si l’on pouvait dire ainsi puisque je prenais sur moi de jouer le jeu de la survie autant que faire se pouvait. Les tentes avaient été distribuées, et il y avait été décidé d’un commun accord avec Lyra que nous partagerions la même. J’avoue avoir ressentis une pointe d’appréhension avant cette nuit-là, me demandant comment les choses allaient se passer avec la Nephilim. Après tout depuis le début je devais lui donner l’image de quelqu’un plein d’assurance et d’envie de vivre. C’était le cas, mais c’était un peu chiqué. Quoi qu’il en soit, je ne changeais rien et bien décidé à l’aider je ne comptais pas lui refuser de l’orgone. Je dus cependant admettre qu’elle parvint à me surprendre au plus haut point. Elle n’avait aucune envie de contraindre des humains à coucher avec elle et me proposait un pacte. Sa protection contre de l’Orgone quand elle en aurait besoin. J’aurais peut-être pris le temps de la réflexion en d’autres circonstances, mais je répondis d’un « oui » immédiat accompagné d’un clin d’oeil. Hésiter l’aurait sans doute mise mal à l’aise, et puis elle était belle, gentille et me proposait de me protéger, n’aurait-ce pas été idiot de refuser ? Et comme une manière de sceller le pacte définitivement, il fut scellé par le plaisir, et ce cher Orgone.

Et le temps devint long, très long. J’avais perdu le compte des heures, des jours et des semaines. Depuis combien de temps étions-nous là ? Une semaine ? Plus ? Des mois peut-être ? Dans cet univers de peur constante, garder confiance et le sourire m’usait, mais je fis en sorte de m’assurer que cela continue encore et toujours, pour les humains, pour les Nephilim et pour Lyra. Je ne sais pas si quelqu’un m’a un jour reproché ma bonne humeur, mais je la conservais malgré tout, il était hors de question de perdre pieds et espoir. Je devais cependant l’avouer, plus le temps passait et moins j’avais le sentiment que nous sortirions un jour. Je faisais confiance à Harahel et si j’avais un jour douté de lui il avait dû y avoir une raison ponctuelle car j’avais décidé de lui faire confiance. C’était idiot finalement, tout le monde avait fois en un Lilioth qui disait connaître les lieux, mais finalement avions-nous la preuve qu’il nous tirait vers la sortie ? Tout se ressemblait beaucoup trop rigoureusement, c’était un labyrinthe, rien ne prouvait qu’il n’était pas aussi perdu que chacun de nous. Mais encore une fois face au doute et la crainte, des sourires et des paroles rassurantes.

Il y eut des expériences bien sûres en ce lieu sinistre, me laisser guérir par un Nephilim fut l’une des toutes première expériences surprenantes que je connus. De moi-même je n’aurais surement jamais accepté que ce soit le cas, mais Lyra avait su m’y contraindre. Pas par le violence, mais par un chantage des plus basiques, elle arrêtait l’orgone si je ne me laissais pas soigner, surement avait-elle déjà compris qu’il n’y avait rien que je ne ferais pour être sûre qu’elle sorte d’ici vivante. Peut-être avait-elle bluffé. Je n’avais pas voulu prendre de risques, d’autant que plus les jours passaient et plus nos discussions étaient rares. J’essayais de lui parler, mais elle semblait de plus en plus distante, semblant vouloir se murer dans un univers de silence et de pensées. Et les expériences suivantes furent bien différentes. Parler d’expérience était sans doute faux, il s’agissait plutôt d’orgone, par chance nous étions un petit groupe d’humain et nous parvenions à donner assez aux Nephilim pour notre protection. Cependant « fidélité » n’existait définitivement plus ici, moi-même je connus d’autres Nephilim que Lyra, mais toujours je m’arrangeais pour qu’elle ne soit pas en reste. Je doute qu’elle ne l’admette si ça avait un jour été le cas, mais je crois ne jamais avoir failli à notre pacte, je l’espérais.

Les ressources finirent par s'amenuiser tant que cela devenait véritablement inquiétant, mais la chance finit par nous sourire, si l’on peut dire cela ainsi. Nous avions fini par rejoindre cet endroit qui nous permettrait finalement de partir d’ici. Du groupe que nous étions au début, certains avaient disparu, les disparitions étaient régulières et frappaient autant les Nephilim que les humains. Non que ce soit une consolation bien sûr. D’autant que la mort n’était jamais loin. La traversée ne fut pas des plus aisés, si elle commença bien, tout changea violemment quand des serpents géants passèrent à l’attaque. Les Nephilim se battaient pendant que les humains tâchaient à survivre en se cachant sur le bateau qui tanguait dangereusement. Le combat faisait rage, l’inquiétude marquait les visages des humains comme sur celui des Nephilim. Certains avaient trouvé refuge dans la cale très rapidement, d’autre comme moi avait eu le malheur d’être mal situé pour rejoindre rapidement la cale. Je traversais le pont du bateau aussi promptement que possible, l’eau rendait le pont glissant et les mouvements du bateau animé par les vagues rendaient la progression difficile. J’attrapais dans mon hasardeux cheminement la main d’une humaine ou d’une Nephilim je n’en savais trop rien qui glissait sur le pont. Et finalement je rejoints la cale et les autres humains avec cette personne. La peur se lisait sur les visages et elle ne semblait pas déplacée quand le lendemain nous découvrîmes le prix qu’avait coûté notre survie.

Mais il fallait continuer. Par chance le reste du voyage fut bien moins agité, et l’étendue sableuse paraissait presque une sinécure. Des dangers se cachaient-ils entre les grains de sable ? Vu l’endroit j’étais prêt à parier que oui, mais mieux valait continuer de sourire, tout simplement parce que nous étions encore bien vivant, et parce qu’il y avait cette promesse que demain ne pourrait être qu’un jour meilleur.
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Rayden Henderson
 
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Evaline parvint enfin à rejoindre cette masse humaine qui se détachait au loin. Elle vit rapidement son Seirim venir contre elle et la prendre dans ses bras pour l'embrasser. Quelle douceur et quel soulagement de le retrouver... Ses paroles se voulaient réconfortantes et ses gestes apaisants. Une once de sourire effleura les lèvres chaudes de la disciple mais elle rouvrit bien vite les yeux et vit les créatures au-dessus d'elle, le sang qui jonchait le sol, les corps cramoisis trop nombreux pour que le regard les soutiennent...
Le chaos régnait tout autour d'eux et de nombreux frissons parcoururent alors l'échine de la Lilim à présent qu'elle pouvait relâcher tout combat contre elle même. Ne plus sourire pour rien, ne plus lutter contre ses peines, ses blessures, ses peurs, ses souvenirs, ses cauchemars... Il était là à présent...
Malgré tout, une douleur lancinante la tiraillait.

* Bon sang sortez de ma tête ! *

Les cris, les pleurs, les lamentations tout autour d'eux emprisonnaient la tête d'Evaline encore trop peu expérimentée pour bien utiliser totalement sa télépathie. Activée quelques minutes auparavant, elle semblait toujours en action et épuisait considérablement la Lilim. Se prenant la tête entre les mains, elle la plongea dans le cou de son Seirim quelques instants et il en profita pour lui murmurer quelques paroles réconfortantes au creux de l'oreille. Cet homme l'avait toujours ressentie sans jamais vraiment la comprendre... Il savait toutefois quand la réconforter et quand faire d'elle celle qu'elle adorait être entre ses mains...

Evaline redressa la tête en tentant de maîtriser au mieux le flot des pensées qui l'assaillait. Son regard se posa sur l'homme à qui s'adressait Asmodée. Ce beau brun au regard profond n'était autre que l'inconnu avec qui elle avait partagé un moment divin à l'Orgie organisée au Palais... Harahel... C'était donc son nom... Un sourire se dessina à la commissure de ses lèvres lorsqu'elle se revit dans les bras de cet homme. Elle le pensait Lilim tout comme elle et sans véritable importance... Mais à présent, à l'écoute de son discours, à son assurance et à son déterminisme à mener cette troupe elle comprit vite qu'il était un Lilioth certainement très important. Elle laissa son regard glisser de son Seirim vers cet amant d'un soir et sentit immédiatement une légère tension entre les deux hommes. Si Asmodée savait pour ce partage à l'Orgie, comment réagirait-il ? Il ignorait jusqu'à sa présence en ce lieu pour cette "cérémonie"...Des doutes l'envahirent mais elle ne parvint pas à regretter une seconde ce moment. Il lui avait montré la jouissance totale sans retenue et sans contrainte...

Cette tension se confirma lorsque son Seirim précisa qu'il fermerait la marche tandis qu'Harahel l'ouvrirait... Le regard d'Evaline évita alors de trop croiser celui de cet homme. Il y avait ici bien assez d'ennuis pour ne pas déclencher de problèmes entre deux Lilioth qui se devaient de s'unir pour les faire sortir de cet Enfer.
Un bruit de souffle rauque se fit entendre au sol et Evaline vit alors Lidrya se relever... Cette humaine l'avait tant déstabilisée sur la plage... Ça non plus son Seirim n'en avait pas conscience. Evaline avait voulu la séduire pour profiter de son corps mais un sentiment troublant avait dansé dans son ventre et elle n'avait pas pu... La revoir ici, dans tout ce merdier, lui donna un haut le cœur. Elle voulait l'aider à se relever et l'épauler mais n'en fit rien. Elle compris bien vite qu'il s'agissait visiblement de la femme d'Harahel et déduisit tout aussi rapidement le "bordel" dans lequel elle s'était mise en s'envoyant divinement en l'air avec son mari et en éprouvant pour cette humaine un sentiment jusque là inconnu et assez étrange. Malgré tout, comme bien souvent, elle ne regrettait rien et recommencerait si l'occasion se présentait.

Toute la troupe se mit en marche. Evaline se taisait mais détestait ce sentiment d'être un mouton de Panurge. Malgré tout, elle mettait tout son espoir en Harahel pour les sortir d'ici.
L'avancée fut éreintante... Chaque pas demandait une précision millimétrée pour ne pas marcher sur un survivant ou ne pas mettre le pied dans un des cratères présents sur le sol. Chaque respiration irradiait ses poumons même si Asmodée avait pris soin de donner un bout de tissu à sa disciple afin qu'elle le pose sur sa bouche et sur son nez. Une épaisse fumée incessante brûlait les yeux pourtant d'habitude si clairs d'Evaline et faisait rouler de grosses larmes le long de ses joues.
Crevée de fatigue, épuisée et meurtrie sur tout le corps par diverses rencontres peu attrayantes lors de leur périple, Evaline savoura avec une once de bonheur la première nuit passée sous la tente avec son Seirim. Le lendemain soir, requinquée et un semblant de sourire aux lèvres, Evaline décida de remercier Asmodée comme il se devait... Elle s'apprêta autant qu'elle le pouvait, passa ses doigts dans sa longue chevelure pour leur donner un semblant de tenue et humecta ses lèvres pour les rendre plus douces. Elle sortit de la tente et alla charmer quelques humaines... Bien trop poussée par ses propres pulsions elle se délecta à jouir entre les doigts et les lèvres de certaines qui voulaient à tout prix sa protection... Elle n'en fit rien... Lassée bien vite par leurs jeux inexpérimentés elle guida deux belles brunes vers Asmodée et c'est ainsi qu'il échangèrent Orgone et orgasme tout au long de leur seconde nuit...

Les jours passaient et ne se ressemblaient malheureusement que trop... Evaline sortait toujours de temps à autres de sa tente pour assouvir ses pulsions et convaincre à son tour des humains en peine d'espoir de venir voir son Seirim pour découvrir "la lumière" et retrouver la "voie du Prophète". Un soir, en rentrant, elle croisa le regard de Lidrya mais elle ne voulut pas l'effrayer. Elle sentait que l'humaine commençait à s'intéresser à eux de plus près alors elle s'arrêta quelques secondes devant une des torches postée à l'entrée de son camp, se retourna pour voir la petite humaine tapie dans un coin sombre et elle lui adressa un clin d'œil et un sourire en coin qui en disait long... Elle rentra aussitôt dans sa tente et apprécia ce soir là de voir Eulalie s'offrir à Asmodée. Elle raffolait également de ces jouissances où elle ne faisait qu'observer l'échange d'Orgone entre des êtres... Asmodée décida de lui offrir sa protection et Evaline en fit autant tant qu'elle le pouvait... Si son Apollon décidait d'agir ainsi elle respectait sa décision et prendrait donc Eulalie sous son aile si elle en ressentait le besoin...
Avant de se remettre en route, Evaline partit faire le plein de nourriture pour quelques humains chez cet être aussi fou qu'étrange qui se chargeait de la cuisine. Elle remerciait sans cesse les étoiles de ne pas l'avoir faite humaine...car franchement, manger une nourriture préparée par ce taré qui passait son temps à récupérer le sang des Lilim morts, il fallait vraiment le vouloir... Ecoeurant...
Un haut le cœur s'empara d'elle mais elle le chassa aussitôt en croisant le regard d'un humain particulier... Elle ne l'avait jamais vu jusque là mais son regard la pénétra instantanément. Marquant une pause elle reprit vite ses esprits en entendant l'autre cuisinier marmonner dan sa barbe qu'il ne resterait plus assez de gâteau pour lui et en voyant cet humain littéralement entraîné par Caym...

Le temps s'écoula de plus en plus mal... Tout l'infâme troupeau continua à suivre Harahel et Evaline commençait à douter de lui... Qui était certain qu'il les sortirait de là ? Pourquoi faisaient-ils confiance à un Lilioth qui ne pipait mot ou presque ? Il les mena sur un bateau dont la traversée fut sans nom... Tous les soirs des hurlements se faisaient entendre et des hommes et des femmes passaient par dessus bord. D'immondes créatures les attaquaient et, tandis que les Lilioth se battaient, Evaline passa le plus clair de son temps cachée sous un escalier, recroquevillée sur elle-même, rongée par la peur et les cris incessants... Après ce périple et une fois la terre ferme regagnée, elle ne douta plus d'Harahel qu'elle vit comme un autre protecteur à ses yeux.
Toutefois un doute atroce prit forme au creux de son ventre... Une fois débarqués dans le désert, l'attitude d'Harahel sembla différente et Evaline n'aimait pas cette étrange sensation qu'elle ressentit. Il ne paraissait plus vouloir guider son infâme troupeau... Qu'est ce qu'il lui prenait subitement ? Les moutons de Panurge le répulsaient autant qu'elle en un claquement de doigt ? Il comptait les abandonner ici et se faire la malle ?

Elle n'eut même pas le temps de réfléchir... Toute son attention fut happée par Lidrya et son comportement "dérangé"... En une fraction de seconde tout redevint confus dans ses pensées. Un léger cri s'échappa de ses lèvres entrouvertes tant la pression dans sa tête lui était douloureuse. Au même instant, le ciel s'obscurcit et un vent intense se mit à souffler fortement sur l'infâme troupeau désespéré. Evaline posa un genou à terre. Une onde de choc magique prenait possession de tout leur univers. La violence des pensées qui venaient en elle était insoutenable... Tout se mélangeait... Lidrya aurait retrouvé une mémoire perdue ? Était-ce un cauchemar ? Une réalité ? Un doute ? Un rêve ? Des cris, des hurlements recouvraient les pensées de l'humaine. Ces lamentations intenables venaient de loin et suppliaient à en crever qu'on les tue au lieu de subir cette immonde souffrance dont elles étaient les victimes.

* Apocalypse Please... This is the End of the World... *
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Evaline Gyna
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Un court baiser... Voilà la seule chose que je voulais m'autoriser avant un moment. J'avais beau arborer mon masque impassible habituel, j'étais dévastée par le tableau qui s'offrait à moi. De la souffrance, du sang... J'oscillais entre la culpabilité et le manque le plus total de regrets. Je ne parvenais pas à m'en vouloir d'avoir sciemment provoqué l'Empereur. Harahel avait raison: je n'étais qu'un prétexte. La question était: est ce que les autres allaient me faire regretter mon choix? Aux regards qu'ils posaient sur moi, nul doute que les prochaines semaines allaient être longues. D'une oreille apparemment distraite, j'écoutais Harahel donner ses instructions. Lorsqu'il me demanda de marcher de concert avec les autres, je me contentais d'acquiescer. Je ne voulais pas être un chef: je me contenterais de suivre le mouvement. Qu'importe ce que cela allait donner.

Je pris avec moi ce qui ferait mon pactage. La nourriture était dédiée aux mortels, je n'avais pas faim et je passais les premiers jours à ne pas dormir. Je ne savais pas ce qui se disait autour de moi, je ne voulais pas l'entendre. Sans mes âmes, je me sentais seule, presque nue. J'allais continuer ainsi, je le voulais d'ailleurs. Nous nous enfoncions lentement au coeur de Pachad. Et durant tout ce temps, je pressentais qu'Harahel avait un plan mais qu'il refusait encore de m'en faire part. Je pris cela pour une trahison de plus. Mais qui étais-je pour réclamer quoique ce soit? Les Lilims ne m'approchaient pas, les Humains non plus. Au début je m'en moquais... Jusqu'à ce qu'Asmodée vienne me secouer volontairement. Il fallait bien que j'avoue que je ne m'étais pas attendue à ce qu'il vienne me voir. Il était là à cause de moi... Je lui étais reconnaissante au possible.

Grâce à lui, je me secouais. Cela faisait deux semaines que nous étions dans cette galère, cet enfer si je pouvais reprendre le terme employé par tout le monde. On finit par oublier ma responsabilité... Du moins le supposais-je lorsqu'un soir, Rayden entra ma tente. Je me souvenais encore de la première fois que je l'avais vu, avec Eileen. D'ailleurs, elle manquait à l'appel. Et ce fut en réalisant cela que je compris où passait la majorité de l'orgone d'Harahel: il cherchait à la contacter. Je ne me permis pas de lui faire par de mes pensées. En revanche, lorsque j'eus vent du "prophète", je devais bien avouer que cela me fit rire sous cape. C'était tellement Asmodée de vouloir créer un mouvement "mystique". D'ailleurs, j'hésitais à le traiter de sectaire, son mouvement.

Mais qu'importe. Nous finîmes par arriver au premier signe de civilisation. Je continuais à tout observer pour tout graver au mieux dans ma mémoire. Harahel ne m'avait rien demandé. Cela était logique pour moi. J'étais l'Observatrice, non? Je n'avais donc pas le choix. Si je m'étais tenue tranquille, je pris tout de même part aux batailles jalonnant les traversées. Je fus blessée plus d'une fois mais le fait que je participe enfin à ce voyage si plaisant me permis de me soigner. J'avais désormais un Humain dans ma tente chaque nuit. Je me sentais toujours aussi seule, toujours aussi nue mais au moins, je montrais aux autres un masque parfaitement calculé. Je reprenais mon rôle... Tout en préparant mon avenir.
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Iah Hel
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Le campement était en place. Un léger vent soufflait sur les magnifiques tentes réalisées par Caym. Harahel admirait cette note de beauté dans ce monde barbare. Les couleurs du désert se reflétaient sur les tentes et quelques grains de sables venaient les caresser. Harahel en surveillait toujours une en paticulier, du coin de l'œil. Mais depuis l'arrivée d'Hela, c'était totalement inutile. Aucun humain n'enviait Lidrya, aucun Lilim ne lui reprochait quoi que ce soit. Un souffle de vent plus tard, le sable glissait de la tente et quelques grains furent poussés vers la tente d'Asmodée. Sa secte semblait intéresser de plus en plus d'humains. Elle leur donnait un espoir indispensable pour survivre. Asmodée est un Lilioth d'une expérience aussi riche qu'extraordinaire. Même Lidrya était intriguée mais elle n'osait pas franchir les pans de la tente. La sensuelle Evaline sortit de la tente d'Asmodée et quelques grains de sable se réfugièrent dans ses cheveux. Elle sortait prendre l'air ou chercher une nouvelle recrue pour Asmodée. Harahel ne le savait pas. Il ne connaissait rien d'elle, même pas son nom. Cette femme ne se dévoilait pas au premier venu et la touche de mystère qui l'auréolait ne la rendait que plus désirable. Elle entortilla alors délicieusement ses cheveux autour de son index en s'approchant d'un homme et les grains de sable choir le long de son corps avant que le vent ne les ressaisisse pour les faire virevolter dans les airs. Le sable passa devant plusieurs humains. Il y avait bien sûr Sara. L'espoir semblait l'avoir quitté mais Harahel allait lui démontrer qu'elle se trompait. Ensuite, il y eu Jimmy qui prenait l'air à l'extérieur de la tente de Caym. Ce fut le tour d'Eulalie qui chassait un peu de sable de ses cheveux. Et l'envoya vers la tente de Iah Hel. Elle semblait perplexe, mais il était difficile de savoir à qui elle pensait. Elle l'avait surpris à essayer de contacter Eileen, et Harahel apprécia son silence. Iah Hel cherchait ses âmes, il s'en doutait aussi. Qu'adviendrait-il de ces âmes ? Harahel l'ignorait. Serait-elle détruite par le rituel ? Harahel en doutait sincèrement car elle n'était pourvu d'Orgone Le sable poursuivit sa route pour prendre une grosse baffe ce qui lui évita de tomber dans la gamelle de Voldi. Il ragea et pesta comme un voleur. Le sable n'assaisonne pas c'est vrai, et sous la dent ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, c'est un fait. Et comme si le vent suivait les membres de son clan, il fit passer ces quelques grains de sables à côté de Lyra et Rayden. Les deux là semblaient s'être découverts, pensait Harahel. Ses yeux ne quittait pas le sable qui vint alors jusqu'à lui. Il referma sa main dessus.

Alors, il reporta son attention à Caym quand l'onde de choc se fit ressentir. Les télépathes allaient en prendre pour leur grade en tout cas. Même Harahel percevait certains des cris des mourrants alors qu'il n'avait plus ce don depuis un instant... Il sentit en son sein l'absence définitive d'Eileen. Avait-elle gagné un autre royaume de Kabbale ? Harahel l'ignorait. Le vent devint tempête et les humains commençaient aussi à s'agiter. Certains Lilim sentirent la force de cette plainte. Caym, à ses côtés, semblait perdue. Le rituel de Samaël se lançait, il cherchait de l'Orgone, il avait besoin d'une puissance insoupçonnée et, sur Terre, l'ensemble des Lilim et des Lilioth se faisaient absorber leur âme. Ils disparaissaient tour à tour et finissait au temple, catalyseur rêvé pour le Nephilim. Tour à tour, chacun mourrait. Même les Nephilim endormis dans la prison d'Elohah mourraient tour à tour, eux que même les voleuses d'âme ne pouvaient tuer... Quelle importance ? Harahel égoïstement Harahel ne s'en voulait même pas de les avoir abandonné. Il avait cherché des solutions une vie durant, et combien d'être étaient morts dans cette guerre. Il mit juste les mains dans ses poches et regarda l'inquiétude, la peur puis la panique prendre le dessus sur certains de ceux qui l'avaient suivi. Il observait mais pas assez bien. Ce qu'il ignorait c'est que ce voyage ne changerait pas que Lyra. La trame magique se bouleversait, elle explosait et emportait tout ce qui semblait être établi. La magie n'est pas écrite dans le marbre, mais dans des champs mouvants, les champs d'Orgone. Les yeux du Lilioth redevinrent pour la première fois noirs en Pachad. Il voulait observer toutes ses âmes mourir. Mais son don avait changé. Il était totalement différent et allait bien au delà d'une simple lecture des champs. Il sortit alors les mains de ses poches et en écarta les doigts pour encore mieux s'imprégner de ce qu'il ressentait. Il sentit alors la souffrance d'âmes qui se mêlaient au vent. Ces âmes en peine tentaient de s'agripper à ce qu'elle pouvait mais leurs ongles n'arrivaient pas à se refermer sur les hommes et femmes du campement. Elles glissaient sur les gens aussi enoxareblement que le sable avait glissé sur les tentes ces derniers jours. Rien ne les arrêtaient et elles disparaissaient. Harahel voyait bien leur souffrance, mais ses pensées allaient envers ses hommes et ses femmes, humains comme nephilim. Leurs âmes seraient épargnés.

En observant, les humains et les nephilim, Harahel put lire la trame de l'orgone en leur corps. Son nouveau pouvoir était une merveille à ses yeux. Il arrivait les lire comme il lisait l'âme des créatures de Kabbale. Il ne lisait pas leurs pensées, il ne les violait pas, il ressentait leur sentiment et les comprenait mieux. La peur les avait totalement submergés et c'est ce qui sortait de cette trame quand bien même le vent s'arrêtait. Un noyau vivant était visible en leur sein et tout paraissait bien plus clair au Lilioth. Un silence énorme frappa le campement et l'inquiétude comme la stupéfaction se lisait en chacun. Le Lilioth comprit que tout était fini. Humains comme Nephilim s'attendaient à voir un ver des sables ou une nuée d'insectes les attaquer, suite à cet avertissement... Mais rien. Il ne s'était rien passé. Solie était un désert relativement calme en Pachad. Enfin, la température infernale était déjà bien assez oppressante pour en rajouter. Il les regarda tous et s'attarda de nouveau sur Sara. Elle avait totalement perdu espoir mais faisait tout pour que cela ne se ressente pas et ne se répercute pas sur les autres. En de telles circonstances, les humains sont réellement capables d'altruisme. Même Iah Hel semblait un peu perdu, cela lui faisait bizarre de la voir éprouver des sentiments. En fait, elle était une mine de sentiments, avec des hauts et des bas. Mais elle avait une coquille qui l'entourait. Même au niveau des champs d'Orgone, Harahel pouvait observer cela. Son pouvoir était si plaisant, si enrichissant, qu'il décida de l'offrir aussitôt à son clan. Il alla alors vers la tente de Iah Hel et entra à l'intérieur sans lui demander son avis. Il l'embrassa et lui dit qu'il ne savait si ce qu'il lui préparait lui ferait vraiment plaisir, mais il était temps qu'elle vive un peu plus pour elle. Il l'embrassa de nouveau et sortit pour redonner de l'espoir aux gens plutôt que de rester là encore trois jours avant de rentrer

Il sortit de la tente de Iah Hel et se dirigea un peu à l'écart du sable. Il commença à tracer un immense pentacle. Les humains comme les Lilim curieux commencèrent à approcher. Timidement d'abord, mais il accueillit les premiers avec un grand sourire. Grâce à Lidrya, il ne manquait pas d'Orgone aujourd'hui, alors il put garder ses deux dernières custodes. Néanmoins, par prudence, il en gardait une dans un coin de sa bouche. Quand il eut finit son pentacle, des schémas se dessinèrent seuls en son centre. Harahel conseilla aux humains trop proches de reculer, car il pouvait faire encore plus chaud en Pachad. Le Lilioth se retourna et des flammes et une fumée noire apparaissaient devant lui. Une créature commença à se dessiner et les humains reculèrent alors bien vite. Ils reconnaissaient l'empereur-mendiant. Mais cette fois, il n'était pas invoquer par un Lilim imprudent mais par un kabbaliste.

-- Tu oses encore me solliciter ? Cette expérience ne vous a pas suffit ? la ténébreuse créature grondait déjà
-- Parfaitement ! Vous n'avez pas respecté les termes de votre contrat. Harahel au contraire était extrêmement calme.

Sa taille humaine par rapport à la créature de Kabbale rendait le calme du Lilioth assez étonnant.

-- Et comment cela cher ami ?
-- N'étiez-vous sensé changer les souvenirs selon les termes du contrat que vous avez conclu avec sieur Idaho.
-- Cela a été fait ! hurla la créature
-- Non. Caym a encore ses souvenirs. Il est hors de question que je laisse passer cela. On ne rompt pas un contrat, que ce soit avec moi ou avec mes disciples et vous le savez cher empereur. La voix du Lilioth était toujours aussi calme.
-- Et comptes-tu faire ? dit la créature qui commençait à tenter de cacher son trouble.

Harahel invita la créature à se pencher vers lui. Les flammes léchèrent le visage du Lilioth. La scène était grotesque. La tête de la créature était plus grande que la taille même du Lilioth. Il sourit et glissa quelques mots à l'oreille du Lilioth.

-- Très bien, très bien... nous pouvons peut-être trouver un arrangement.
-- Je désire rentrer. Mais nous devons rester ici encore deux trois jours. J'aimerais que tout le campement puisse bénéficier exclusivement de l'oasis à l'Est et nous oublierons ton erreur...

La Kabbale n'est que contrat. Et un contrat a un lien sacré. Le violer, que ce soit dans un sens ou dans un autre est toujours lourd de condition. Et Harahel put paraître clément. La créature repartie comme elle était apparue. Et le campement fut alors déplacé vers l'est. L'oasis était un havre de paix et l'expédition avait en un sens gagner le droit d'y séjourner deux jours. Les humains n'avaient pas trop posé de question quant à la créature. Les mots «deux jours» étaient pleins d'espoir pour tous. Et Harahel confirma que dans trois jours, ils regagneraient l'île. Cette aube fut attendue entre incrédulité et espoir de revivre. Et Harahel sortit de sa tente et le campement fut levé.

-- Quelle direction prenons-nous demanda un Lilim
-- Nous retournons à notre point de départ dit Harahel

Un «oh» de découragement se leva de la foule. Seulement Harahel pouvait les y conduire par téléportation cette fois, car les Lilioth connaissait le lieu d'arrivée. Iah Hel avait bien mémorisé les lieux de départ. Par téléportations successives, les humains et les Lilim furent ramenés à bon port. La femme que ramena Harahel dans son dernier voyage fut Lidrya. La serra contre lui et ils se téléportèrent ainsi. Harahel, arrivé, regarda le ciel et les nuages s'ouvrir. Un halo bleu descenda vers eux. Et le monde reprit son empreinte sur eux. Ils quittèrent les champs d'Orgone et se retrouvèrent sur l'île. Harahel prit la main de Lidrya et de Sara et appela Iah Hel. L'île avait été saccagée. La bibliothèque serait sûrement pillée. La tour pourpre s'était écrasée sur le palais. Tout n'était plus que ruines et cendres.

-- Sara, tu m'avais demandé de trinquer à la liberté. Je crois que c'est presque bon... Je pense que nous allons quitté l'île, les protections ont été perdues nous n'allons pas rester.

Son regard se détacha d'elle et il regarda ensuite Iah Hel.

-- Je pense qu'il ne doit pas rester grand chose de la bibliothèque. Je ne t'ai rien dit de mon plan, car tu te serais refuser à abandonner tous les copies de ces textes que tu connais par coeur. J'espère que mon cadeau te libérera de cette contrainte. Ce n'est pas parce que tu es la mémoire du monde que tu dois le rester ou te sacrifier...

Il les écouta puis revint sur Lidrya.

-- Quant à toi Lidrya, puisque tu m'as oublié, je peux te ramener auprès de Becky. Après tout si c'est elle que tu penses aimer, je t'aiderais à trouver le bonheur dans ses bras.

Harahel serra une dernière fois Lidrya dans ses bras et se permit de l'embrasser sur les lèvres. Il l'aimait et s'il ne pouvait lui apporter le bonheur, il l'aiderait à trouver quelqu'un qui pourrait le lui offrir.

-- Je t'aime, c'est ton bonheur que je veux, et je pense qu'il serait plus calme pour toi de vivre avec elle plus qu'avec nous. Si tu le désires, plus rien ne t'empêche de partir à présent.

Les Lilim étaient agards, les humains respiraient enfin l'air pur de la Terre. Chacun réagit à sa façon, certains pleurèrent, d'autres rirent, la plupart soufflaient, mais aucun ne frima en disant que c'était une partie de plaisir. Aucun n'osa blaguer et proposa de retourner en vacances à Pachad. Mais comme si la paix n'existait pas, quelques heures plus tard, alors que chacun se préparaient à partir aux quatre coins de la planète, une force étrange se fit ressortir. Une aura d'une puissance insoupçonnée les approcha. Harahel aurait pensé à Samaël, s'il n'avait pas senti son âme mourir. Cette puissance le dépassait totalement. Il se retourna, elle était derrière ce mur, à quelques mètres de lui. Il aurait protégé de son corps Lidrya, mais il savait qu'elle refusait cela depuis sa première et dernière entrevue avec la Reine de l'île. Il la serra juste dans ses bras et attendit que cette présence se manifeste.
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Harahel
 
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Puissiez-vous me pardonner que de penser à des films en ces temps où certains semblent perdre espoir. Je pensais à un film qui m’avait marqué tandis que nous marchions, notamment un passage de la Bible qu’un héros n’a de cesse de répéter. « Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le gardien des faibles qu’il guide dans la Vallée d’Ombre, de la mort et des larmes car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. » Quand mon regard se posait sur notre groupe en cette soirée au milieu de cette étendue sableuse, et que je voyais Harahel, j’avais le sentiment de le voir cet homme de bonne volonté. Pourtant les questions me troublaient et je n’avais de cesse de les entendre dans mon esprit, pourquoi faisait-il cela ? Ne pouvait-il pas partir avec cette humaine qu’il veillait si jalousement ? Il aurait pu nous abandonner tous sans aucun doute, mais il restait là et il nous guidait, je ne savais pas pourquoi il le faisait et je me demandais si ce n’était pas qu’une immense farce ou pire un piège, mais qu’aurais-je pu y faire ? Je n’avais rien d’un super-héros, je n’avais pas même l’étoffe d’un héros et chaque soir avant de m’endormir la peur me dévorait le ventre et je sentais la panique me gagner, mais la fatigue me gagnait toujours avant que je ne craque. Et si je ne me battais pas pour moi, si cet endroit me terrorisait, je gardais le sourire et je mimais que tout allait bien, je le faisais depuis longtemps, je ne montrais pas ma détresse, moins encore mes peurs depuis presque dix ans. Un choix de vie entrainé par un événement, mais qu’importait, cet endroit et le temps que nous y passions était en soi-même un événement important qui changeait les choses...qui changeait les gens.

Musique
Lyra et moi avions cet accord et je le respectais et l’honorais jour après jour sans faillir, ni rechigner, toujours avec le sourire et toujours avec beaucoup de plaisir. Lyra était une femme absolument désirable, belle et douce, une amante formidable, mais ma motivation à lui donner ce qu’elle espérait ne venait pas seulement de là. Je n’avais pas confiance en moi-même pour essayer de prendre un semblant d’importance dans l’enthousiasme général, facile aussi d’imaginer que les Nephilim présents n’apprécieraient pas, mais pourtant je ne rechignais jamais à un sourire, à quelques mots pour amuser la galerie. J’offrais un sourire et quelques mots réconfortants à ceux qui soupiraient, une main pour se relever à ceux qui tombaient ou s’asseyaient prêt à abandonner, clins d’oeil, sourires et enthousiasme débordant étaient mes armes. Bien sûr je ne bâtissais pas de faux espoirs, j’utilisais des pirouettes pour m’en sortir quand une question sur notre survie venait, mais je le faisais en restant toujours optimiste. Seulement ça ne dépendait pas de moi mais bien de la faculté de notre guide de nous sortir de là, et étrangement nous étions nombreux à sembler garder foi en lui. Mieux valait avoir foi en quelque chose pour ne pas sombrer dans la folie et la peur ici-bas.

Etrangement pourtant, celle pour qui je déployais le plus d’effort semblait celle qui s’éloignait toujours plus de moi. Avais-je fais quelque chose de faux avec Lyra ? Je n’en savais rien du tout, peut-être que je n’aurais pas dû lui montrer tant d’enthousiasme et plus d’empathie. Je me surpris à soupirer juste en face d’elle et elle de me voir le faire. *Ah bravo, ‘spèce de crétin*. Il me fallait bien expliquer ça pas vrai ? Je me lançais dans des explications hasardeuses au possible, je ne pouvais tout de même pas lui dire que c’était elle qui me faisait soupirer ! C’était vrai, mais pas parce qu’elle me gênait, qu’elle me dérangeait ou encore que d’avoir conclu ce pacte avec elle me déplaisait, mais en réalité parce que je m’inquiétais pour elle. Par chance je n’eus pas plus longtemps à essayer de me tirer de ces explications qu’elle ne semblait pas même écouter qu’un vent violent se leva. Je sentis mon coeur s’accélérer alors que même sans en avoir confiance je venais de me lever, tentant de percevoir quelque chose de l’endroit d’où venait le vent. Non il n’y avait rien, du moins rien à voir, car ce vent était étrange, il avait quelque chose de différent. Pas qu’il soulevait du sable, j’avais déjà connu ça en Australie, mais comme si une vive émotion y résidait. Le vent pouvait-il venir vivant dans ce genre d’endroit ? *Allez Rayden, tu es entouré de personnes qui se shootent au sexe et qui utilisent la magie, ça te paraît si surnaturel ?* Un point pour la petite voix dans ma tête, je ne devais plus vraiment m’étonner de grand chose, entre les serpents de mer géant, Eileen qui porte un piano à bout de bras, je me demandais comment m’étonner encore d’un vent qui me fait étrangement frissonner. Ce n’est pas de froid que je frissonne mais bien parce que quelque chose dans ce vent semble me « toucher ». Je dois devenir paranoïaque sans aucun doute. Mais le vent n’est pas de mon imagination et je ne suis pas le seul à sembler sentir quelque chose de particulier. Je regarde tout autour de moi, humains et Nephilim, tout le monde semble se rendre compte que ce vent n’avait rien d’ordinaire. Peut-être les Nephilim plus encore, je n’en savais rien.

Mon coeur battait rapidement et la panique m’avait gagné, je n’avais pas encore totalement réalisé que l’ondée était finalement passée, c’était tellement étrange. Et maintenant que faire ? J’attendais la suite en observant les gens autour de moi, inutile de dire que mon sourire avait disparu, cette fois rien d’amusant et je voyais déjà un Exogorth jaillir du sol pour tenter de nous dévorer. Ou peut-être serait-ce plutôt un Sarlacc ? Et finalement je me flagellais mentalement de penser des choses comme ça, Harahel trouvait le temps d’aller rendre visite à une autre Lilioth, celle-là même avec qui j’avais eu une discussion qui avait fini de façon assez brut quand j’avais expliqué ne pas être vraiment archéologue mais plutôt un chasseur de trésor. Quoi qu’il en soit, si lui prenait le temps de cela, il ne devait pas y avoir trop de danger ou bien ? La possibilité du piège me revint, d’autant plus lorsque, trop curieux pour rester à l’écart, je le regardais dessiner un pentacle sur le sol. *Alors quoi maintenant ? Une orgie sacrificielle pour parvenir à sortir de cet endroit ?* C’était crétin mais je souris à cette idée, retrouvant finalement mon sourire et je le gardais affiché cette fois. Oh je n’étais pas le seul curieux, nous avions tous saisis que nous sortirions d’ici grâce à Harahel, aussi quand celui-ci se mettait à l’oeuvre, nous devenions tous particulièrement curieux, et quand il demandait que nous reculions, nous nous exécutions...Mieux valait aux vues de la suite des évènements.

D’ailleurs la suite était aussi étrange que moi spéculant sur une rencontre avec un monstre de l’univers droit tiré de l’imagination de Georges Lucas. La discussion semblait musclée et visiblement ces deux-là se connaissait, quoi que les mots de l’Empereur avaient tendance à être véritablement surprenant, c’était donc lui le dégénéré qui avait expédié ici bas toutes ces personnes ? Par chance, il semblait que la discussion soit pour donner les cartes en main au Lilioth ce qui n’était pas pour me déplaire et surement pas non plus aux personnes qui s’étaient approchées, soit presque environ tout le monde en réalité. Une seule chose me parut mystère dans un premier, pourquoi avoir choisis d’attendre encore ? Il nous avait envoyé là il pourrait sans doute nous renvoyer de suite non ? Je ne comprenais pas vraiment le choix de Harahel, mais nous avait-il trahi jusque ici ? J’aurais aimé pouvoir répondre « oui », mais malheureusement ce n’était pas le cas, il avait fais tout son possible pour que le maximum s’en sorte, alors son choix devait être logique non ? Et pour la première fois en Pachad, mon sourire devint vraiment honnête, même si il subsistait une peur, avouez que ce serait bête de mourir maintenant pas vrai ? Mais non, les deux jours se passèrent parfaitement bien, ils avaient même été agréables, bien sûr c’était une comparaison faite au reste du voyage. Ironiquement en m’endormant la deuxième nuit à l’oasis, je me dis que je regretterais ces nuits avec Lyra. *Allez du calme Roméo, attends déjà de sortir.*

Et si soudain j’eus le sentiment que Harahel s’était foutu de nous quand il dit que nous devions faire demi-tour et revenir d’où nous venions. Encore un mois de marche avant de sortir alors ? Mais non, il avait une toute autre solution qui était...particulière. Voir un brin de femme déplacer un piano c’était surprenant, voir un Empereur apparaître au milieu d’un pentacle c’était incroyable, pouvoir se téléporter c’était carrément...sans comparaison. Je doute que quelqu’un ait mal pris le fait de ne pas revenir à pieds, nous avions tous hâte je crois de retrouver la liberté. Et nous retrouvâmes la liberté finalement. Le ciel s’éclaircit comme par magie...par magie, pour nous laisser revenir sur l’île ou pour dire vrai, ce qu’il en restait. Les bâtiments étaient en ruines, le cadre général, l’île et le temps, était toujours plaisant mis le reste de l’île en revanche. Mes lèvres s’étaient ouvertes pour dessiner un « o » de surprise. Je n’étais pas trop loin de Harahel et de Lyra, gardant un oeil sur lui et un oeil sur Lyra...Et maintenant me demandais-je ? Tout était fini, merci kiki, on repart chacun de notre côté ? Cette pensée me toucha plus que je ne voulais l’admettre, je restais intiment persuadé que Lyra avait besoin de compagnie et surtout pas de continuer à se replier, mais étais-je bien placé pour ça ?

Nous avions apparemment retrouvé notre liberté à en croire les mots du Lilioth, j’allais pouvoir retrouver ma demeure, mais en avais-je seulement l’envie ? Je venais de coexister pendant un peu plus d’un mois avec un groupe de personnes que je ne connaissais pas, je leurs avais souris, j’en avais aidé certains, je ne me sentais pas vraiment l’envie que tout ça s’arrête. Oh j’étais content d’être loin de Pachad et je n’avais pas envie de faire d’humour sur un éventuel retour en ce lieu, mais pourtant...Seul à nouveau ? Et tandis que nous nous préparions à partir, je pris le temps de venir trouver le Lilioth qui nous avait sortis de Pachad et je ne savais même plus exactement pourquoi j’étais venu le voir. Du moins si, mais je ne savais pas vraiment comme le formuler, j’arborais donc un sourire sympathique et plein de gratitude en lui disant :


- Je voulais te remercier pour ce que tu as fais. Tu aurais pu nous abandonner et nous laisser mourir mais tu ne l’as pas fais. Et on te doit surement tous la vie ici, alors... je baissais la tête en signe de respect, merci pour ce que tu as fais. Relevant ma tête pour lui sourire, gêné, Je regrette d’avoir parfois douté de toi, et d’avoir cru que ça pouvait n’être qu’un piège que tu nous tendais. Enfin...C’est du passé, on est là et c’est grâce à toi. Je te souhaite de trouver le bonheur, tu le mérites.

Encore un dernier sourire et j’allais rejoindre Lyra, nous avions surement une discussion à avoir. Enfin peut-être que je n’avais été que « l’humain qui filait de l’orgone » pour elle. Quoi qu’il en soit, je la retrouvais avec un petit sourire, à peine marqué. Il mêlait doute et joie au moment où je lui demandais :

- Et maintenant ?

Oui et maintenant qu’allait-il se passer ? C’était la fin de ce qui avait été pour l’île c’est vrai, c’était la fin du voyage en Pachad, était-ce pour autant la fin de notre pacte ? C’était surement le cas mais...et si je n’avais pas envie de ne plus la voir et de la laisser ? Et si je m’inquiétais trop pour elle pour pouvoir « l’abandonner » ? Quoi qu’il en soit, nous avions tous nos inquiétudes et nos joies en ce moment, ma joie était de pouvoir retrouver mon pays et ma maison, mes inquiétudes étaient d’abord Lyra, puis rapidement ce qui semblait alerter les Nephilim. Ne pouvait-on donc jamais avoir la paix sur cette île ?
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Rayden Henderson
 
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Sa peau était terne, maussade et ses yeux mi-clos. Dans son refuge sous-terrain, Songes était assis sur une cagette en bois, les coudes appuyés sur ses genoux, l'air pensif, l'esprit égaré, sombre et le front plissé. Il mâchait une feuille de cocotier, et crachait par moment les résidus de sa mastication au sol, entre ses pieds. Une épaisse barbe recouvrait toute la moitié inférieure de son visage, et son regard était plus noir qu'il ne l'avait jamais été.
Être coincé sur l'île le rendait furieux comme un lion en cage. Songes était revenu à Gehinnom il y a déjà plusieurs semaines, et il ne cessait de chercher une solution pour la quitter. Il était coincé ici, bel et bien parce qu...

Le Lilioth se redressa subitement. Quelque chose venait de se produire. Quelque chose d'anormal... Songes leva les yeux vers le ciel. L'épaisse couche de terre qui recouvrait sa tête en guise de plafond s'effrita par moment et laissa un mélange de grains de terre et de poussière tomber au sol. Depuis son retour, il n'avait pas entendu le moindre bruit sur l'île, le moindre signe de vie, la moindre petite et minable émission d'Orgone... Il se leva donc brutalement de sa cagette, lâcha sa feuille de cocotier et regarda frénétiquement autour de lui, comme pour essayer de réentendre quelque chose et de capter sa provenance.

Il se dirigea vers l'extrémité du terrier, vers de courts barreaux en bois fixés l'un au dessus de l'autre contre la parois de terre qui l'entouraient. Les saisissants à la hâte, il grimpa et émergea dans un minuscule conduit creusé à même la terre. Une galerie... Le Lilioth s'y glissa et rampa pendant quelques secondes avant de se redresser dans une plus grande cellule. Une nouvelle ascension le conduisit à la surface, où seule sa tête apparue discrètement, entourée de fougères, d'arbres et de hautes-herbes. Autour le lui, la forêt était toujours aussi calme...

L'espace d'un instant, Songes cru qu'il avait rêvé, mais il était persuadé d'avoir ressenti quelque chose de spécial. Il décida de prendre le risque, et il sorti entièrement de son refuge. Il marcha longtemps, prudemment, plus silencieux qu'un renard, plus invisible qu'un loup en chasse. Il passa non loin des ruines du temple, déjà partiellement recouvertes de mousse. Il passa également au pied d'une croix, commémorant la tombe d'un ancien habitant de l'île, en plein cœur de la forêt. Puis finalement, il les entendit. Ils étaient aussi discrets qu'un troupeau de mammouths en chaleur, mais Songes les reconnu aussitôt. L'expédition de Pachad.
Alors, voilà. On y était. Ils s'en étaient donc sortis...

Songes aperçut Harahel en premier, et son regard se fit perçant. Il n'avait pas changé d'une goutte. Apparemment, Pachad n'avait pas trop entamé la santé du Kabbaliste. Il découvrit ensuite d'autres visages qui ne lui étaient pas inconnus, dont celui d'une femme. Une humaine. Elle était... elle devait être spéciale pour lui, lorsqu'il a quitté cette île, il y a bien longtemps. Il lui sembla qu'elle avait été sa première disciple. Étonnamment, elle non plus n'avait pas trop changé. Le Lilioth continua de découvrir les survivants de Pachad, les uns après les autres. D'après ce dont il se souvenait, ils étaient des centaines à y avoir été envoyés. Il n'en comptait désormais plus que quelques dizaines. Pachad est tout de même un royaume qu'il faut payer d'un lourd tribut.

Le groupe parla, s'exprima longuement entre eux. Songes hésita à intervenir immédiatement, mais s'il s'affichait devant eux, il savait bien ce qui leur arriverait. Tous les Nephilim utiliseraient leurs pouvoirs contre lui, les humains se jetteraient à sa gorge en désespoir de cause, et cela signerait leur mort, à tous. Lui y compris. Il les laissa donc marcher plusieurs heures, découvrir les lieux, pleurer parfois, s'écrouler de désespoir devant les images qu'ils découvraient. Malgré la grande distance de sécurité qu'il laissait entre le groupe et lui, tout ce que le Lilioth pouvait lire sur leur visage était tristesse, inquiétude et désespoir.

Puis le groupe en entier s'arrêta au centre d'une petite clairière, et Harahel s'entretint avec les autres Lilioth. Ils étaient quatre en tout. Et plusieurs dizaines de Lilim attendaient, répartis autour d'eux, attendant le verdict final. Les humains, eux, étaient soit aux côtés de leur maître, soit en retrait, attendant avec impatience qu'on leur annonce enfin une bonne nouvelle. Lorsqu'il comprit ce qu'ils avaient décidé, Songes s'avança rapidement vers eux, mais toujours dissimulé à leur vue. Il arriva contre un mur de vieilles pierres, totalement en ruine. De l'autre côté se trouvait l'intégralité des survivants de Gehinnom. Les Miraculés de Pachad...

Soudain, des bruits de claquements retentirent dans l'ensemble de la clairière. Un applaudissement. Lent, et lourd.


*clap* .....


*clap* .....


*clap* .....


....


Puis Songes apparut, se retournant, surgissant de nulle part derrière le mur en ruine.
Il ne parla pas. Il ne dit pas un mot. Son regard était glacé, c'était le regard de la Mort avant qu'elle vous emporte. Ses mains, fermes et fortes, claquaient lentement, l'une contre l'autre, comme le glas qui sonne, fatalement, comme le tambour de guerre qui impose le rythme pénible à tenir sur le chemin de sa propre souffrance.

Il laissa ainsi un long silence, où chaque regard semblait comme pétrifié. Il hésita encore un long moment avant de se décider à parler. Il n'avait aucune idée de qui se trouvait exactement dans l'assemblée. Il avait seulement repéré les Lilioth, et pour l'instant, seuls eux importaient. S'ils décidaient de jouer les justiciers, s'en serait définitivement fini de la race des Nephilims. Oh, ce n'était pas l'envie de les tuer qui lui manquait, c'était simplement le plus mauvais moment pour le faire. Et puis, si le plan qu'il avait en tête pouvait fonctionner, si ces imbéciles étaient tous assez bêtes pour lui faire confiance, alors peut être qu'ils vivraient. Peut être que toutes les âmes présentes à Gehinnom, la sienne incluse, survivraient. Les vieux comptes se règleraient plus tard.
Oui, plus tard...

Alors, Songes ouvrit enfin la bouche. Il le fit en premier, avant que l'un des Nephilim ne succombe à ses pulsions et n'utilise l'un de ces pouvoirs pour se jeter sur lui... et ne scelle leur destin à tous. Ses premiers mots furent de ne pas bouger. De rester immobile. Sa voix était grave, son visage inexpressif. Les Lilioth seraient sûrement assez sages pour l'écouter avant d'agir. Si certains Lilim, ou même certains humains, étaient assez bêtes pour se croire supérieurs, pour jouer les hautains et se moquer des conseils qui leur sont adressés, alors qu'ils ailles mourir. La Dernière Fuite de Gehinnom sera juste un peu plus anarchique qu'il ne l'avait prévu...

Il résuma ensuite rapidement la situation de l'île. Nul besoin d'attendre leur réaction, de savoir s'ils étaient d'accord ou non... C'était ça, où la mort. Il leur expliqua que les Elohims étaient revenus en nombre. Et qu'ils étaient toujours là... Quelque part autour de nous. Ils surveillent l'île, surveille les continents. Ils sont postés presque partout... Presque.
Il ajouta qu'il n'avait réussi à tromper leur vigilance, et qu'une seule émission d'Orgone attirerait irrémédiablement leur attention sur nous... et déclencherait une autre vague attaque, pour exterminer les survivants. Enfin, il précisa que même s'ils n'étaient pas forcément tous très intimes ou très amicaux envers lui, ils avaient tous aujourd'hui, une chance de s'en sortir. Libre à eux de la saisir. Ou non...
Une chance de s'en aller. Une chance de recommencer à vivre... ailleurs.

Il s'arrêta une seconde, relevant son regard sur eux. Il l'avait gardé au sol, froid, fixe et figé, pendant la majeur partie de son discours. A quoi bon les regarder en face, sinon réveiller en lui les envies les plus horribles, les plus noires et les plus insoutenables... Ils l'avaient découvert. Ils l'avaient entendu.
Après la vague d'effroi et de terreur qui venait d'envahir les voyageurs de la Kabbale, Songes les observait. Il marquait un temps de repos, un long silence pensant, avant de reprendre ses explications.
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Songes
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Lidrya avait eu du mal à se remettre de cette vague. Les souvenirs refaisant surface, se mélangeant. Qui était vrai ? Qui était faux ? En réalité, elle avait la nausée. Elle en voulait à la terre entière ! Elle en voulait à Lilith, la première responsable. Elle en voulait ensuite à tout le monde. Et au final, elle s'en voulait à elle même. C'était extrêmement douloureux de comprendre que Maïra ne serait plus là. Car les derniers mots qu'elle lui avait dit, c'était du style "va te faire foutre pétasse". Comment ? Comment vivre avec ça maintenant ? Lidrya n'avait qu'une seule envie, se recroqueviller sur elle même et attendre la fin. Pourrait-elle encore avancer ? Pourrait elle encore subir encore pire que cela ? Tout son être avait été changé. Elle avait été violée de l'intérieur. Car c'est ce que la Reine avait fait. Elle avait changé son être, elle l'avait rendu lesbienne altérant ses souvenirs sur sa meilleure amie et Pax. Elle lui avait fait dire du mal à des êtres qui étaient très cher pour elle. Elle n'avait plus envie de bouger, plus envie de parler, plus envie de vivre. Mais elle ne pouvait pas faire autrement. Car elle ne voulait pas qu'Harahel la voye dans cet état. Il ne fallait pas qu'il sache qu'elle savait tout de nouveau. Sinon, ils finiraient par en parler et qui sait s’il ne les retiendrait pas tous ici à cause d'elle. Car, même si elle se voilait la face, elle avait entendu les mots qu'il avait dit : Je ne partirais pas sans elle. Cela la rendit encore plus malade. Pourquoi ne voulait pas croire en son amour pour elle ? Pourquoi ! Parce que c'était si irréel. Pourquoi elle ? Voilà la vraie question !

Et comme les autres, elle avait suivit le mouvement pour voir Hadès créer un pentacle. Cependant, ce n'était plus Lidrya la paumé qui regardait le spectacle. C'était Lidrya la novice en Kabbale qui voyait les signes se formaient. Curieuse comme elle était, elle avança un peu plus, analysant les signes, essayant de les retenir. Mais elle ne les comprenait pas tous. Elle se recula, se trouvant à côté de Rayden qu'elle regarda l'espace d'un instant. Sa bonne humeur au sein du groupe avait fait de lui quelqu'un d'important. L'empereur mendiant refit son apparition et Lidrya se recula encore plus pour atterrir derrière tout le groupe. Elle avait peur. Il lui faisait horriblement peur. Et elle le trouva si sublime à discuter avec cette entité. Il était si beau ... Son cœur se serra et elle ferma les yeux. Et elle se souvint des mots qu'elle avait voulus lui dire après le Colysée.

"C'est moi ou Eileen !"

Elle rouvrit les yeux et elle l'admira. La Reine avait commis une erreur en agissant ainsi. Car grâce à elle, le Lilioth et l'humaine était "toujours ensemble". Alors que dans le véritable déroulement, leurs histoires auraient du être finit. Car Harahel n'aurait jamais choisit l'humaine. Elle en était certaine. C'était impossible. Devait-elle remercier la Reine de lui avoir fait perdre la mémoire ? Elle se détourna, sentant sa jalousie reprendre le dessus. Elle était horriblement humaine. Elle passa les deux autres jours à faire semblant, en évitant soigneusement Asmodée et Evaline. D'une part car ils pouvaient lire dans son esprit, mais surtout car elle se retenait de sauter au cou d'Evaline. Elle avait des comptes à régler avec cette femme et elle comptait bien être encore en vie pour le faire plus tard. Elle ne se rapprocha pas plus des Insoumis. Elle ne devait rien changer à son comportement, essayer d'être la même, enfin l'autre elle. Hela étant toujours présente la nuit. Qui était cette "pute" ? La nuit fut extrêmement difficile pour Lidrya. Car il lui était difficile de faire semblant et de tricher. Elle espérait que cette illustre inconnue du nom d'Hela soit bernée. Mais Lidrya ne croyait pas vraiment en ses talents d'actrice.

Heureusement le jour J arriva et Lidrya se fit violence quand elle se retrouva dans les bras d'Harahel pour ne pas l'agripper. Lui dire qu'elle était là, belle et bien là. Elle ferma ses yeux pour sentir son odeur corporelle. C'est la seule folie qu'elle s'autorisa. Le retour à la réalité fut des plus abrupts. Une île dévastée, des corps en décomposition, il ne restait plus rien de l'île de Gehinnom. Tout était finit ? Réellement ?

Maïra !

Lidrya n'avait qu'une envie. Courir. La trouver. Lui demander pardon. Elle sentait une boule se former dans son ventre. Tout lui revenait douloureusement. Les bons comme les mauvais moments avec tous et chacun. Lisa ... Maïra ... Andrew ... Elle avait rencontré tant de personnes qui l'avaient façonné. Mais Harahel ne lui laissa pas le temps de chercher ou de pleurer ses morts qu'il l'emmenait un peu à l'écart avec Sara. Sara dont il tenait la main ... Non, pas de jalousie, pitié ... Elle l'écouta parler à chacune d'entre elles. Elle se fit violence pour ne pas regarder dans la direction de Iah Hel. Elle aurait craqué sinon. Cette Lilioth avait le don de la cerné en une seconde. D'ailleurs, elle devait déjà savoir à quelle Lidrya elle avait affaire. Le coup dans le cœur vint d'Harahel. Combien de preuves devrait-elle obtenir de lui pour être sur de son amour ? Ce qu'il lui disait était ... Mais elle retint surtout une chose. Les humains étaient libres ! Il ne pouvait offrir la liberté à Lidrya, s’il ne le faisait pas aux autres. Que faire ? Que dire ? A part profiter de ce simple piou, bien trop rapide à son goût. Il la prit dans ses bras et elle ne chercha pas à s'échapper mais elle ne lui rendit pas son étreinte. Elle n'avait pas compris qu'il cherchait encore à la protéger.

Elle releva vivement les yeux quand elle entendit les applaudissements. Lui ! Lui !

Il n'avait rien de Songes pour elle. Songes n'était qu'une enveloppe. Il avait été un garçon perdu, maladroit, hésitant. Maintenant, il était un monstre. Il était revenu d'entre les morts comme Caym alors que c'était impossible ! Elle laissa Harahel rejoindre les autres, elle les écouta et elle serra les poings. Sauter au cou du Lilim de feu ne servait à rien, car qui était-il réellement ?

Les choses changent ... Les gens changent ... Les bases changent ...

Las bases changent ... Oui, elles doivent changer jusqu'au bout !

(http://www.youtube.com/watch?v=v1HUYOVBbBE)

Est ce que ce fut le "Et maintenant" de Rayden qui la motiva ? Est ce que ce fut le "Pourquoi" de Sara quand elle avait décidé de sauver Songes qui la motiva ? Est ce que ce fut Eulalie qui rentra sous la tente d'Asmodée qui la motiva ? Est ce que ce fut l'apparition de Tyler qui la motiva ? Ou bien est ce que ce fut le choix d'Harahel qui la motiva ?

*J'ai déjà fait ce choix il y a bien longtemps sur ce bateau ...*

Lidrya ne revenait jamais sur ces choix. Elle les assumait jusqu'au bout. Mais celui ci fut le plus pénible de toute sa vie. Car cela l'obligeait à faire quelque chose qui n'était pas elle. Cela l'obligeait à se mettre en avant et malgré tous ce qu'elle entendait dans son dos, ce n'était pas sa motivation. En fait, en cet instant précis, elle voulait être une petite souris et s'enfouir sous terre. Mais, elle ne le pouvait pas. Car c'était maintenant ou jamais. C'était l'heure des changements. Alors, malgré ses doutes, malgré la claque qu'elle risquait de se prendre, elle fit un pas, puis un autre. On dirait sûrement : pour qui elle se prend la greluche d'Harahel à aller vers les Lilioth comme ça. Mais elle n'était plus à ça près. Car oui, l'humaine se dirigeait droit vers les Lilioth. Elle sentait leurs regards sur elle avant même d'ouvrir la bouche. Elle avait envie de prendre la main d'Harahel pour qu'il lui donne des forces. Mais elle ne s'avançait pas en tant que Lidrya femme d'Harahel. Ou bien Lidrya en tant qu'amie de Iah Hel. Mais elle s'avançait en tant que Lidrya, l'humaine. Elle se faisait violence pour ne pas trembler. Elle se faisait violence pour ne pas montrer ses peurs et ses doutes. Elle se devait d'être sûre d'elle, de se montrer forte.

"Nous allons vous soutenir."

Elle respira grandement, et elle les regarda tour à tour dans les yeux. Le "nous" était un peu gonflé car il n'y avait qu'elle dans ce nous. Mais elle avait eut le temps d'observer les humains. Même si ce n'était pas vraiment elle à ce moment là. Elle savait que bon nombre d'humains voulaient "combattre". La rébellion avait existait sur l'île. En cachette, n'en portant que le nom vu qu'elle ne véhiculait pas de valeur combattive. Il était grand temps que la voix des humains se fasse entendre. Il était grand temps que les nephilims les prennent en compte. Si son idée passée, alors oui, elle pourrait dire que tout avait changé et que l'île était bel et bien morte.

"Le clan des éphémères va vous soutenir."
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Lidrya Chesly
 
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Il fallait que je me réveille, que je fasse exploser ma bulle. L'aide des autres était inutile pour mon cas. Je leur en étais reconnaissante mais la décision ne pouvait venir que de moi... et moi seule. Les jours s'étaient écoulés aussi immuablement que les grains de sable du sablier de nos vies. Une routine s'était mise en marche, fragile équilibre qui n'attendait que de se briser sur un geste malheureux ou une mort de trop. J'étais une somnambule qui marchait sur le fil ténu. J'en avais l'habitude... Mais qu'en était-il des autres? De ceux qui, trop éplorés par la perte de leur vie, ne demandaient qu'à se venger? De ceux qui ne s'étaient toujours pas retiré la poutre logée dans leurs regards accusateurs? Et de ceux dont on oubliait simplement le prénom après avoir occulté leur présence? Je ne comptais plus ceux qui me manquaient. Le premier à citer aurait été Heru Ur... Mais je devais être honnête avec moi même... Celui qui me manquait le plus aurait été capable de m'arrêter avant que je ne me lance dans une telle entreprise. Et ni Heru Ur, ni Melmoth en auraient été capables... Seul Nathaniel... Je soupirais en sortant de ma tente. Je ne tenais pas en place aujourd'hui. Quelques chose se préparait et je ne parvenais pas à y mettre un nom. Alors, quoi de mieux pour moi d'aller marcher au milieu des dunes? Je ne craignais pas de me perdre, je ne comptais pas m'éloigner de beaucoup.

Avec un soupir mélancolique, je me souvins du désert qui était à quelques pas de ma première maison, ou devrais-je dire, première villa. Moi qui avais toujours raillé les autres qui chérissaient leurs souvenirs, j'en étais réduite à être comme eux, à devoir chercher dans ma mémoire, pourtant infaillible, les bribes de mon histoire. Pour pouvoir revoir ne serait-ce qu'un sourir, ou sentir une odeur... La cannelle... Melmoth et Noël... Je pris une grande inspiration une seconde avant que le vent ne devienne tempête. Mon souffle resta figé dans ma poitrine alors que je m'immobilisais. Une main se porta à ma poitrine. Mon poings se serra jusqu'à en faire blanchir les jointures de mes doigts. Comment décrire l'indescriptible? Alors... je fuis, dans ma tente. J'espérais être à l'abri du "vent" et surtout, des hurlements qui résonnaient dans ma tête. La souffrance, la destruction, la peur... Je demeurais debout dans ma tente, ne réagissant même pas lorsque Harahel surgit pour m'embrasser. Je ne savais même pas s'il avait saisit que j'étais sous le choc et s'il avait vu les tourbillons de sable qui continuaient à se mouvoir à l'intérieur même de ce que je pensais être un sanctuaire. A tord... Les cris se firent plus forts, j'avais à moitié compris ce qu'il venait de me dire et je réprimais un hurlement de détresse quand il me laissa seule.

Je commençais à paniquer et je sortis en courant de ma tente. Tout cela pour le voir en train de dessiner à nouveau un pentacle. Complètement paniquée, je fuis, croisant Asmodée et le bousculant sans même me soucier de sa réaction. Le vent avait beau être retombé quelque peu, je sentais encore le flux des âmes me traverser et les infortunées se racrochaient à moi comme bouée de sauvetage. Je trouvais refuge derrière une dune, ignorant si j'avais été suivie ou non. Et au hurlement de l'Empereur, se joignit le mien...


Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé entre mon départ et mon retour. Je doutais qu'on le remarque simplement. Des deux jours précédant notre départ tant espéré, je n'avais aucun souvenirs. Amosée m'avait ramené à ma tente et je n'en étais pas sortie. L'aube du troisième jour me trouva debout, la tente déjà pliée. Je n'avais pas dormis de la nuit mais j'avais l'air aussi fraîche que si j'avais passé les deux derniers jours à me repaître d'orgone. En réalité, je n'en avais passé qu'un, la veille pour être exacte. Je souris, narquoise, en entendant le "oh" de découragement de la foule. Gens de peu de foi! Je soupirais et restais distante tout en aidant aux aller-retours nécessaires pour transporter tout le monde. Après tout, ce n'était pas pour rien que j'avais tout retenu depuis le départ... Si?

L'arrivée sur l'Île fut comme je me l'étais imaginée au cours des deux jours précédants. C'était un carnage au sens propre du terme. Il n'y avait que ruines, que désolations... Je n'eus pas une pensée pour la bibliothèque. Il n'était pas encore temps pour moi. A la demande d'Harahel, je le suivis, quelques pas derrière lui. Mon regard errait de ci, de là. Lorsqu'il s'adressa à moi, je lui souris de mon sourire le plus énigmatique au possible. J'étais forte à ce jeu là. En revanche, je me demandais si je devais lui dire que la bibliothèque était vide depuis mon départ et que Nathaniel avait probablement vidé les artefacts importants depuis... longtemps. Choisissant la voie de la gentillesse, j'inclinais la tête et lui offrit un sourire radieux mais sincère.


-Merci...

A vrai dire, je ne savais quoi lui répondre. Je me promis de lui révéler la vérité dès que j'en aurais l'occasion. Pour le moment, je ne souhaitais pas l'accaparer. Je savais qu'il souhaitais parler à Lidrya. Je jetais un regard à la jeune femme, haussais un sourcil et secoua la tête avant de reculer de quelques pas.

*clap*....

....

*clap*....

.....

*clap*

...

Lentement, mon regard se dirigea vers l'aura que je sentais depuis quelques secondes déjà. Songes... En voilà un qui savait ménager ses entrées. Je penchais la tête sur le côté comme pour l'observer d'un autre angle. Autour de moi, je sentais les Humains frémir de frayeur. Nous ne risquions rien si nous ne nous montrions pas hostiles. De toute manière, pourquoi irais-je le tuer? Je n'avais pas de raisons valables. Je l'avais menacé, oui... Et il devait probablement m'en vouloir. Tant pis. Je ne comptais pas lui lécher les bottes pour qu'il oublie mes paroles. Et enfin, il ouvrit ses jolies lèvres barbues pour nous ordonner de ne pas bouger. Comme si je comptais aller autre part pour le moment. Je ne voulais pas non plus me jeter sur lui... Quelle arrogance, au final.

Je l'écoutais attentivement et ma décision fut prise aussi rapidement que celle qui m'avait envoyé en Pachad. Je ne bougeais pourtant pas, observant Lidrya réitérer son choix. Je lui dédiais un sourire avant de bouger. La première chose que je fis, fut d'abandonner ma voleuse sur le sol. Mes cheveux dégringolèrent le long de mon dos. Je m'avançais prudemment vers Songes. Rien dans mon attitude m'indiquait comme hostile. A deux pas de lui, je lâchais.


-Je viens avec toi.

Parce qu'il fallait bien faire un choix, non? Je me décalais pour le laisser voir les autres. Je leur fis face à nouveau, l'expression de mon visage était paisible. Qu'il me tue maintenant... Je ne demandais que cela.
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Iah Hel
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Finalement nous avions réussi à atteindre l'endroit souhaité. Alors que le camp était installé il se passa quelque chose d'étrange. Pourt ma part je ne ressentis qu'une vague de tristesse sans savoir d'où elle provenait, de toute façon elle ne faisait que s'ajouter à celle que j'accumulais à chaque pas. Je crois que ce fut surtout le comportement de certains qui m'alarma. J'observais sans comprendre, sentaient-ils une sorte de calamité qui approchait? Je jetais un oeil vers mon seirim, lui ne paraissait pas inquiet alors je n'avais certainement pas motif à l'être moi non plus. Peu de temps après je le vis affairer à dessiner d'étranges symboles sur le sol. Je restais à bonne distance puisque la dernière fois nous avions atterri ici à cause d'une saloperie de rituel du même acabit. Il invoqua le gros méchant pas beau qui nous avait si obligeamment offert un séjour éternel à Apocalypseland. J'espère que cette fois le voyage sera celui du retour. L'espoir revenait peu à peu. Je prêtais attention à la discussion, au moins je ne mettrais pas longtemps à faire mes bagages, pas besoin de passer par la boutique de souvenirs pour rapporter des cartes postales. Je me rendis rapidement compte que je m'emballais un peu trop vite. Nous allions encore séjourner à Pachad quelques jours mais au moins nous parlions enfin de retrouver la terre, notre maison. A partir de là le temps me parut tout aussi long sauf qu'à présent j'étais vraiment convaincue que dans 48heures nous rentrerions chez nous.


Retour à la case départ, au moins le voyage aura été plus bref, merci la téléportation. Il ne reste plus qu'à traverser en sens inverse, j'espère que ce n'est pas une nouvelle chute qui nous attend de l'autre côté. Ce n'est pas le cas, pourtant j'aurais presque préféré la douleur physique au spectacle qui s'offre à nous. L'île a été dévasté. Harahel l'avait prévu depuis le début. Il nous a guidé pour nous sauver de l'armaggedon. Et les autres, ceux qui étaient restés? Il n'en reste pas de traces, tous ont péri. Melmoth... Mon cœur se serre et j'ai la sensation un instant que quelqu'un m'en arrache un morceau, encore un. Si seulement j'avais su je l'aurais emmené avec moi. C'est idiot bien sûr, il m'a quitté. Il n'empêche que j'ai cette douloureuse sensation d'inachevé et tous ces souvenirs, ces images qui me reviennent de nos moments passés. Cette fois il faut faire le deuil, avec le lilim je perds sans doute ma plus belle part d'humanité : l'Amour. Je me mets à l'écart un instant, profitant du tumulte dans le groupe. Je m'assois sur une grosse pierre de ce qui a été le Temple et laisse les vannes s'ouvrir. Mes yeux restent aussi secs que l'est mon âme et cela me fait mal. Mon regard se perd dans le vague, je songe à Clare, à Lyra. Je ne sais plus finalement qui est qui, qui je suis, laquelle est morte, laquelle est en vie. Seuls les forts survivent et Clare était faible, elle est morte noyée un été. Tout me revient alors et je suis frappée en plein visage par cette vague qui me submerge. Le courant est trop fort, moi je suis si petite. « Maman sauve moi ! » Je bois la tasse, encore, je panique, je me débats mais je m'éloigne toujours plus de la rive, je n'arrive plus à reprendre suffisamment mon souffle...

La lumière revient, enfin je sais, j'ai compris. Rien ne sera plus jamais comme avant. Tout est clair et en même temps si confus. L'esprit est une chose tellement mystérieuse. Je vais survivre encore, je suis morte trois fois et je suis toujours là. J'ai besoin des autres. Je les cherche autour de moi, ils ont avancé. Ils n'ont pas du remarquer mon absence. Je m'empresse de les rejoindre. Visiblement une sorte de conseil de guerre se prépare entre les lilitoh. Les autres attendent, nous avons tous pris des habitudes de troupeau. Cela m'est égal, plus rien ne me touche, je serai désormais plus froide que la pierre. Un bruit surgit de nulle part. Je tourne la tête dans sa direction et je peine à reconnaître Songes. Je l'avais oublié celui-là, la preuve que seuls les durs, ceux qui ne s'encombrent pas d'humanité ni de sentiment survivent. Bienvenue dans le monde des néphilim... Je l'écoute nous mettre en garde. J'ai survécu à Pachad ce n'est pas pour bêtement périr de la main d'un Elohim ! Certainement pas ! Moi je suis prête à le suivre. Qu'en est-il des autres? A quoi ressemblera demain ? Aucune idée, il y aura un demain c'est déjà beaucoup. Et moi, Lyra, je serai là. Je suis surprise de voir Lidrya s'avancer et plus encore qu'elle dise que les humains veulent nous aider. Le monde est fou ou bien c'est moi qui ai perdu ma raison en plus de mon cœur. C'est moi sans doute, j'ai toujours nagé à contrecourant de tout le monde. Une lilioth déjà est prête à suivre Songes, je ne sais pas où ce nouveau chemin va nous conduire. Je suis fatiguée, je rêve d'un bain chaud, de me laver de toutes mes fautes,de mes erreurs, de mes doutes, de mes peurs, de ce passé qui fait tellement mal. Vite! Partons d'ici...
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Lyra Waldon
 
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Leur nombre avait diminué de manière substantielle mais significative, tant dans les rangs des humains que dans ceux des Nephilims. Et la traversée du désert qui s’annonçait laissait prévoir de nouvelles disparitions, que ce soit à cause de la chaleur, de la fatigue, de la soif ou pire. Etrangement, un certain rapprochement s’était opéré depuis quelques temps entre les Lilims et les Humains, un peu comme si les premiers avaient décidé de veiller sur les seconds, compris que leurs survies dépendaient des leurs et réciproquement. De là à croire que cela durerait, Eulalie n’était pas aussi naïve mais un peu de sérénité dans leur groupe hétéroclite ne pouvait pas nuire. Si au début, elle avait cru qu’Asmodée parlait d’un prophète à venir, elle avait saisi depuis lors qu’il était bien plus machiavélique que cela. Il était « le Prophète » et il invitait à suivre « sa voie ». Il promettait bonheur et plaisir à ceux et celles qui le suivraient, et il fallait reconnaître qu’il avait des arguments valables, que celles qui l’avaient approché ne manquaient pas d’en parler autour d’elles à qui voulaient bien les écouter, s’interroger. La foi est quelque chose d’invisible, d’étrange mais de fragile aussi. Certains veulent tellement croire en quelque chose qu’ils se rendraient coupables des pires crimes pour leur foi. D’autres sont en proie au doute, à l’incertitude et la perdent aussi vite qu’ils l’ont eue. La jeune femme n’appartenait à aucune des deux catégories. Elle ne croyait en rien sinon en elle-même, n’en appelait à aucun dieu et ne se vouait à aucun saint… et surtout pas en Asmodée. Mais elle apprenait à respecter l’esprit aiguisé de cet homme peu à peu et ne trouvait rien de critiquable dans sa manière d’agir.

Un campement fut monté au milieu de ce désert aride et chacun pouvait se protéger un minimum de la chaleur étouffante qui y régnait tout en se reposant. Assise devant celle qu’elle partageait avec d’autres humaines, Eulalie observait les uns et les autres tout en chassant négligemment les grains de sable qui avaient établi domicile dans sa chevelure. Son regard s’arrêta un instant sur Harahel avant de se reporter sur Evaline qui sortait de sa tente. Cette femme semblait inépuisable, sa beauté inaltérable. A force de laisser traîner ses oreilles, Eulalie en avait apprit chaque jour un peu plus sur les Lilioth et les Lilim. Elle peinait encore à croire que les premiers étaient des anges déchus mais c’était plus une réticence due à ses non croyances qu’à de l’hérétique au fond. Sentant le vent se lever, la jeune femme balaya les alentours du regard tout en se levant. Les Lilioth comme les Lilim d’abord sortirent de leurs tentes ou s’arrêtèrent brusquement, se tendant comme des arcs dans l’attente de quelque chose, les traits figés voire incrédules pour certains. Plusieurs humains aussi marquèrent des pauses, ressentant une certaine tension. Le vent se fit tempête, soulevant des masses de sable autour d’eux et Eulalie se protégea les yeux tout en étant consciente que beaucoup d’humains hésitaient entre fuir et rester, agir ou attendre. Aussi brusquement qu’il s’était levé, le vent se dissipa peu à peu et que le calme revint. Pourtant, à en regarder les traits de nombre de ses compagnons, il s’était produit quelque chose de grave, de triste même. Qu’était-ce ? L’espace d’un instant, Harahel disparut dans une tente et en ressortit peu après suivie par Iah Hel. Un peu à l’écart du campement, le Lilioth commença à tracer quelque chose dans le sable mais Eulalie était trop loin pour voir de quoi il s’agissait et contrairement à d’autres, elle ne s’approcha pas pour voir ce que c’était. Par contre, elle frémit malgré la chaleur lorsque réapparut la même créature qu’elle avait entrevu au Temple peu avant d’être happée dans la brèche qui s’était ouverte dans la nef. Même à distance, elle pouvait voir que celle-ci n’était pas contente d’avoir été invoquée. Néanmoins, le Lilioth semblait savoir ce qu’il faisait et voulait, du moins le calme dont il faisait preuve le laissait entendre. Elle ne saisit pas tout ce qui se produisit ensuite mais lorsque la créature disparut, le campement se retrouva près d’un point d’eau, la chaleur s’étant quelque peu rafraîchie… et personne ne souleva la moindre question ni remarque durant les trois jours qui suivirent. Harahel avait déclaré qu’ils regagneraient l’île au bout de ce laps de temps et là encore, aucune réaction ouverte. Etait-ce parce qu’ils voulaient y croire ou parce qu’ils le croyaient sincère ? Difficile à dire.

Quant à l’aube du quatrième jour, le campement fut levé et que le Lilioth annonça qu’ils retournaient à leur point de départ, le découragement gagna les uns et l’incrédulité les autres. Intérieurement, la jeune femme se sentait frustrée et en colère. A quoi bon avoir parcouru tout ce chemin si c’était pour devoir le rebrousser maintenant ?! Mais par groupes, Harahel se chargea de les téléporter rapidement. Eulalie regarda le premier disparaître avec stupéfaction et était septique quant au retour du Lilioth, mais il réapparut pour emmener un second groupe. Ainsi de suite, il téléporta Lilioth, Lilim et humains sans distinction et ce n’est pas sans appréhension qu’elle prit place dans le groupe où se trouvait Evaline. L’instant suivant, elle faisait face à un champ de ruines à peine familier. A dire vrai, elle n’aurait eu aucune idée de l’endroit où elle se trouvait si quelqu’un n’avait pas mentionné l’île. Du regard, elle chercha le Temple, se demandant ce qu’il était advenu de Heru Ur et tous ceux qui étaient restés là, se demandant ce qui avait provoqué la destruction de tous les édifices. Dans l’espoir aussi fou qu’étrange, elle se mit en quête de l’édifice pour fouiller les décombres afin de retrouver l’homme qui l’avait acquise un mois plus tôt. Finalement, il était son seul point de repère dans ce monde de dingues, d’anges déchus et demis dieux. Elle se faisait une raison toutefois et revenait près des autres, cherchant Evaline du regard, celle-ci devenant du coup son nouveau repère, quand retentit des claquements de mains aussi sonores qu’espacés. Se retournant dans la direction de leur provenance, elle vit apparaître un homme aux vêtements élimés et aux traits masqués par une barbe et une chevelure aussi longue qu’hirsute. Un autre Lilioth ? Vu le manque de réaction de certains, il n’était clairement pas le bienvenu mais personne ne le chassa et il prit bientôt la parole, expliquant de manière assez sommaire ce qui s’était produit sur l’île et affirmant qu’ils ne devaient pas y rester pour leur bien à tous. Pire, il assurait avec calme mais conviction que les Elohims – des anges non déchus si elle avait saisi les dires de certains de ses compagnons – étaient toujours dans les parages. Personne ne bougeait. Personne ne parlait. Tout le monde semblait attendre et assimiler les propos de cet homme. Puis, une femme se fraya un chemin vers lui et Eulalie reconnut Lydria. Elle semblait à peine nerveuse alors qu’elle s’avançait et lui déclarait que le clan des Ephémères allait le ou les soutenir. Eulalie se demandait de quel clan elle parlait quand Iah Hel s’approcha à son tour de l’homme en décrétant qu’elle le suivrait. Avec elles, d’autres suivirent bien sûr, moutons de panurge qui s’en remettaient aveuglément pour peu qu’on leur promettait d’être sauvés. Eulalie détourna le regard, fixant de loin les ruines du Temple, se demandant si elle voulait l’être pour sa part. Elle avait été à deux doigts d’être esclave, s’était retrouvée en Enfer et ne devait de n’avoir pas été un produit de consommation qu’au bon vouloir d’Asmodée. A cet instant, elle n’était plus la propriété d’Heru Ur, elle ne se sentait plus liée par nécessité à Asmodée et se demandait ce qui l’empêchait de se tirer vite fait le plus loin possible de tout ce petit monde. La réponse était rien… et tout. Elle ne savait pas où elle était ni comment le quitter, retourner chez elle, reprendre sa vie en oubliant toute cette aventure. Son regard revint se poser sur Evaline. Elle était la seule en qui elle avait confiance et décidait de la suivre elle encore pour un temps, où qu’elle aille. Le moment venu, elle trouverait bien le moyen de leur fausser compagnie discrètement. Et tandis qu'elle observait la Lilim, elle réalisait que les humains et Lilims qui avaient écouté la voix d'Asmodée s'étaient tournés vers lui, attendant qu'il décide pour eux de "la voie" à suivre. D'autres interrogeaient Harahel du regard, estimant que, le Lilioth les ayant délivré de Pachad, il était le plus amène de savoir ce qu'il fallait faire ou non.
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Eulalie Tannen
 
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